Le Capc accueille la première exposition institutionnelle en France de Phung-Tien Phan et Niklas Taleb du 23 juin au 31 décembre 2022. Cette exposition réunit les photographies et sculptures des deux artistes en interrogeant la porosité entre les espaces de l’intime et l’espace public.

À l’occasion du défilé homme de la saison automne-hiver 2021-2022, Virgil Abloh (1980 – 2021) avait imaginé une scénographie qui reprenait quasi à l’identique l’architecture intérieure du pavillon Mies Van der Rohe (aussi connu sous le nom de pavillon de Barcelone). À la fois froid et autoritaire, cet environnement en marbre vert est devenu un prétexte pour les artistes Niklas Taleb et Phung-Tien Phan de questionner notre héritage moderniste et notre rapport contemporain à celui-ci.  Le titre de l’exposition, Modernistin, est le premier reflet de cette interrogation. Ce terme allemand signifiant « moderne » a ici été féminisé. Cette transformation est une invitation à revisiter notre époque à partir du double constat que si l’époque « moderniste » est révolue, elle continue toujours à fasciner artistes et designers.

Une série de photographies de Niklas Taleb rythme l’exposition. Sans jamais donner réellement accès à l’intimité du couple, les photos prises du salon des artistes – qui vivent à Essen, en Allemagne –, invitent seulement à voir à travers leurs fenêtres. Le capot d’une voiture, les balcons d’en face et le camion garé rappellent un décor urbain banal, mais le cadrage et les choix de couleur renversent notre rapport habituel à l’image.

Phung-Tien Phan présente trois séries de sculptures : une grille plastifiée sépare différents espaces au sein del’exposition. Des lampes, incarnation de l’objet standardisé, font aussi bien référence à l’espace domestique qu’à l’espace de travail. Une petite cuisine pour enfant rappelle, par sa forme cubique, les espaces de coworking et les cuisines des appartements contemporains, îlots où l’on partage un café en dosette ou un plat préparé. Jouxtant les sculptures de Phung-Tien Phan, Niklas Taleb présente une série de photos qu’il a réalisée sur son lieu de travail, prenant pour sujet une de ses collègues.  Celle-ci pose à son bureau ou devant son ordinateur. Les instants capturés semblent ratés : la photographiée ferme les yeux, tient son téléphone maladroitement.

Les deux artistes poussent à regarder à côté, sur lesbords de l’attendu. Les photographies de Niklas Taleb ne révèlent que des détails, les images apparaissant presque à l’insu de celui qui les photographie. Les sculptures de Communiqué Phung-Tien Phan sont des assemblages d’objets standardisés qui semblent parfois à peine modifiés, simplement posés et mis en pause. C’est le déplacement de l’objectif etle jeu autour de l’échelle des objets qui suffisent à provoquer des déplacements de regard, et par là-même d’une pensée.

Texte extrait du dossier de presse de l’exposition.
http://www.capc-bordeaux.fr